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    Résumé: 

    Le dernier livre d’Anne Cuneo est à la fois un roman et un document historique. Il raconte, avec une délicate et subtile sensibilité psychologique, l’arrivée à Zurich d’Ella, jeune comédienne juive qui a perdu toute sa famille, traversé à pied la Pologne avec, en poche, une adresse au Schauspielhaus, laissée par son père. Un mariage d’urgence la met à l’abri d’un renvoi, un mariage qui pourrait bien être mariage d’amour, avec un jeune médecin, officier suisse. Leur histoire, fort belle, s’inscrit dans une réalité qui n’a rien d’une fiction, celle de ces journées du 21 mars au 18 mai 1940 où la Suisse a peur qu’Hitler ne franchisse ses frontières, tandis que s’organisent dans la population une résistance, en particulier culturelle, et une solidarité aussi admirables qu’émouvantes. Au Schauspielhaus où se sont réfugiés les  plus grands acteurs et metteurs en scène allemands, juifs et/ou communistes, on monte Faust I et II de Goethe et on vit l’effervescence qui précède cette création, puis le compte à rebours des heures qui précèdent la première, que les gens de théâtre appellent la tempête des heures. En pleine tourmente et sachant que les premières cibles des nazis seraient la gare et le théâtre, personne ne se désiste. On jouera envers et contre tout, prêt à un suicide collectif au cas où… et le public vient, salle comble, succès triomphal. Du reste, Guisan lui-même avait donné l’ordre de ne pas fermer les théâtres. Il est des heures où «l’inutile» devient l’essentiel contre la peur, contre la barbarie.

    MYRIAM TÉTAZ-GRAMEGNA, Courrier de l’Avivo

     

     Mon avis:

    Une très bonne surprise que ce roman. Je n'avais encore jamais lu d'Anne Cunéo et ce n'est pas l'envie qui me manquait. Lorsqu'une connaissance me l'a proposé, je me suis jetée sur l'occasion.

    J'ai été happée dès les premières lignes. On suit donc les aventures d'Ella, une réfugiée autrichienne qui a fait le trajet jusqu'à Zürich, au Schauspielhaus pour voir M.Lindberg, comme le lui a conseillé son père avant de se faire emmener par les nazis. 
    C'est une fille détruite par la guerre, seule et apeurée. La Suisse est neutre et les Allemands ne l'envahissent pas, cela ne lui offre pas pour autant une situation sûre. Le risque de renvoi ou d'internement dans un camp de réfugié est très grand. De plus, les Suisses et réfugiés vivent dans la peur constante de se faire envahir. Les Allemands mènent leurs guerres éclairs, les Italiens se joignent à eux et la France est leur cible principale. Et la Suisse au centre? Se fera-t-elle épargnée?

    Le monde d'Ella au Schauspielhaus sera celui du théâtre. C'est ce qu'elle a toujours fait, c'est son refuge, ce qui lui permet de ne pas perdre pied. 

    Autour d'elle gravite quantité de gens qui vont tout faire pour la protéger. L'entraide est très forte entre ces gens qui sont rarement Suisse et plus souvent autrichiens, italiens etc...

    M. Lindberg l'embauche aussitôt, les propositions pour la loger ne manque pas et Nathan va aussi lui offrir un asile sûr.

    Ce monde du théâtre est fascinant. L'armée fait tout pour qu'ils puissent jouer leur pièce, pour que l'espoir reste, que les gens puissent encore se divertir. Durant le récit, ils montent deux pièces: Faust 1ère partie et Faust 2ème partie. Les moyens sont réduits, le temps est court et tout reste à faire: les dialogues, le décors, les costumes. C'est l'effervescence!

    J'ai été séduite que ce soit par les mots de Cunéo, toujours très simple mais néanmoins prenants, que par Ella et tous les personnages gravitant autour d'elle, par le théâtre que je connais peu ou encore par le contexte historique. On oublie que si la Suisse n'a pas été  envahie, sur le moment, les habitants du pays ne le savaient pas! Sur le moment, la crainte était omniprésente.

    En bref, j'ai tout aimé dans ce tome. Peut-être un regret sur le fin, qui arrive trop tôt mais qui nous laisse néanmoins sur un futur plein d'espoir. Un très bon roman qui emmène son lecteur sans possibilité de fuite!

     


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    Résumé: Alors qu'il est à Paris pour un concert, Aldo Neri, violoniste virtuose, reçoit à son hôtel une enveloppe. Un certain Docteur Rey, psychiatre et psychanalyste, lui transmet une liasse de feuillets manuscrits, rédigés par sa mère, Anna, pendant son analyse. Ces notes couchées sur papier au hasard des souvenirs, parfois hagardes, détiennent-elles la clé du suicide de sa mère dans une chambre d'hôtel sordide de Berlin, cinq ans auparavant ? Pourquoi Berlin ? Rongé par la curiosité, terrifié, aussi, par ce qu'il pourrait découvrir, Aldo se lance dans une lecture compulsive de ces notes, malgré les mises en garde de Rose, son épouse qui est aussi sa luthière.

     

    Mon avis: J'ai choisi ce livre totalement au hasard. Je devais aller à une réunion de la rentrée littéraire Actes Sud avec comme invité, parmi d'autres, Metin Arditi. Je me suis dit que c'était l'occasion de découvrir cet auteur.

    Lire ce livre en aimant la musique, le violon est un plus. Mais de loin pas indispensable pour apprécier l'histoire. Car l'important ici n'est pas la musique, le talent ou le succès, mais plutôt l'intérieur même de l'être humain.

    Aldo est quelqu'un de secret qui traîne un lourd passé derrière lui. Un passé qui lui lie les mains, l'empêchant d'être libre et d'exister vraiment. Ces feuilles qu'il reçoit, avec le récit autobiographique de sa mère, le remuera au plus profond de lui-même. Ce qu'il voulait oublier, ce qu'il voulait savoir et qui ne lui avait jamais été révélé... Tout y est. Et ceci se passe au moment où sa carrière musicale stagne un peu, où la presse le remet en question.

    Ce sera l'occasion unique pour Aldo de se remettre en question, de réfléchir sur sa vie, ses choix, ses actes, ses paroles et son violon aussi! Car sa musique n'est que le son de ses émotions intérieures, même s'il ignore leur existence.

    Rose, sa femme, pourra aussi faire son chemin là-dedans. Car elle aussi a ses secrets, son passé qu'elle enterre en se consacrant corps et âme à son mari, Aldo.

    La fin est peut-être brève, soudaine. J'ai été un peu prise de court en arrivant à la fin, car j'aurai voulu en savoir plus. Dans un certain sens, cela laisse la porte ouverte à l'imagination.

    Et cela ne m'a de loin pas empêchée d'apprécier ce livre! Une magnifique histoire de vie au sein de la musique!


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    Résumé: 
     
    Tokyo.
    Un service funèbre bouddhiste en l'honneur d'un sous-inspecteur trouvé mort dans sa voiture. Crime, suicide, ou mort naturelle ? L'inspecteur Yamakawa, chargé de l'affaire contre son gré, mènera l'enquête d'une manière très peu conventionnelle. Elle le conduit à travers la ville sur les traces d'une mystérieuse femme, dont on dit qu'elle est coréenne, et d'un ressortissant russe, un ancien du KGB, et ses contacts avec la municipalité de Chiba.
    Comment démêler la vérité alors que chacun des trois protagonistes en donne une version différente. Roman à énigme, Le Russe et la Poupée est une balade guidée dans Tokyo au-delà de l'exotisme et des stéréotypes, une initiation à la vie japonaise.

     
     
    Mon avis: Je suis très partagée sur ce livre. Dans un sens, en lisant, j'avais l'impression de lire une histoire où la trame policière n'apparaissait pas vraiment (soit que j'avais manqué une information, soit que c'était vraiment le cas). En lisant, donc, je me demandais quand est-ce que cela allait démarrer et aller dans une direction plus précise. Est-ce que le fait que je n'ai pas pu lire régulièrement pendant le début de ma lecture a contribué à me donner cette impression? Je ne sais pas, mais je dois dire que ce n'est qu'en arrivant aux 3/4 du livre que j'ai été réellement prise dedans.
                                                                                  Dans un autre sens, j'ai beaucoup apprécié l'image que Daniel Glinz donnait du Japon. Ce n'est pas le Japon brillant, beau et magnifique que nous vendent les magazines et les guides. Au contraire, c'est plutôt une vision de l'intérieur de ce pays, avec ses plus mais également ses moins. L'auteur a eu le temps de s'imprégner de toutes ces choses, ayant passé 7 ans dans ce pays.
    Lire ce livre n'empêche pas d'aimer le Japon ni ne dégoûte les futures voyageurs, mais comme dit précédemment, nous présente une autre facette de Japon (le Japon d'il y a quelques années, le livre ayant été écrit en 1998). Lire ce livre est une forme de voyage!
     
    Tout ceci pour dire qu'au final, je ne reste pas sur une déception ni sur ma faim. Ce livre, je le conseillerais quand même plutôt à des personnes aimant le Japon, plus que pour quelqu'un ayant envie de découvrir un auteur suisse.


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